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Xerox est une entreprise qui a marqué l’histoire de la technologie de bureau, de la photographie et de la gestion de documents. Fondée en 1906 à Rochester, New York, Xerox a connu une évolution impressionnante depuis ses débuts comme fabricant de papier photographique. Dans cet article, nous allons plonger dans l’histoire de Xerox, examiner ses stratégies marketing et commerciales, et analyser pourquoi cette entreprise a été en mesure de rester un leader de l’industrie pendant plus d’un siècle.

 

 

 

 

 

En 2018, un projet de mariage a agité pendant plusieurs semaines les milieux d’affaires américains.

Non, je ne parle pas de l’alliance entre Meghan Markle et Harry, mais de celle entre Xerox et HP.

Oui, moins glamour, mais d’une importance capitale : l’objectif de Xerox et d’HP est d’unir leurs forces pour faire face à un marché déprimé.

En effet, les deux entreprises font parties du marché des imprimantes et photocopieurs. Sauf que ce marché est aujourd’hui en déclin, notamment du fait la concurrence du numérique et des exigences écologistes à moins consommer de papier.

Le problème est que ce projet de mariage dure depuis 4 ans : on est maintenant en 2022, et toujours aucune union. Pire que Roméo et Juliette.

Hormis la crise du Covid-19, la raison principale était qu’HP craignait que Xerox ne soit pas assez solide financièrement pour acquérir un groupe plus imposant que lui.

HP a, en effet, un chiffre d’affaires annuel de 27 milliards, tandis que celui de Xerox s’élève à 8 milliards.

HP refusait alors depuis 2019 toutes les offres de rachat de la part de Xerox, qui commençaient aux alentours de 13 milliards de dollars et qui ont fini par atteindre les 33 milliards de dollars, toujours jugées insuffisantes par HP. Xerox fini par abandonner.

Récemment, en avril 2022, les tendances se sont inversées, et selon les rumeurs se serait HP qui souhaiterait racheter Xerox. HP dispose, à l’inverse de Xerox, des liquidités nécessaires pour pouvoir la racheter.

Mais comment Xerox, véritable pionnier du marché des photocopieurs et des imprimantes au cours du 20ème siècle, fini par perdre autant le contrôle et a en est arrivé jusque-là ?

 

Comment créer un empire

Xerox est une entreprise américaine qui est principalement connue comme étant l’inventeur de l’imprimante et de la photocopieuse. Rien que ça.

C’est une marque renommée dans le monde entier, surtout dans le milieu de la technologie.

Initialement, Xerox s’appelait Haloid Company et fut fondé en 1906, (oui, on a enfin trouvé un truc plus vieux que la reine d’Angleterre). Elle était à l’origine une petite entreprise new-yorkaise, dont l’activité principale était la fabrication et la vente de papier photographique.

une startup leader

Elle est vendue ensuite pour la modique somme de 50 000 $ à un homme d’affaires new-yorkais prénommé Gilbert E. Mosher. Son but était d’innover et de fructifier l’entreprise, ce qu’il réussit avec brio.

C’est en 1938 que le physicien Chester Carlson invente la xérographie, qui deviendra l’identité de l’entreprise.

La xérographie est un processus employé pour la production d’images en exploitant les interactions de la lumière avec l’électricité.

Ce n’est qu’une décennie plus tard, en 1947 que la xérographie devient un business. L’invention est rendue publique en 1948, et Chester Carlson rejoint Haloid pour commercialiser le premier modèle de son photocopieur en 1950.

macintosh

Ce qui a véritablement contribué au succès d’Haloid-Xerox, devenu Xerox Coorporation en 1961, c’est la commercialisation du photocopieur 914 en 1959.

En effet, en 1958, l’entreprise considère qu’elle devra inscrire son futur dans le marché de la xérographie. Elle commercialise un an plus tard ce qui deviendra par la suite l’un des meilleurs produits de son histoire : la Xerox 914.

comment coacher des leaders

Tout est mis en place pour que ce produit rencontre un succès phénoménal. Xerox, qui à l’époque n’avait pas les moyens de mener une campagne publicitaire à l’échelle planétaire, fait la publicité de son produit à travers les magazines et la télévision.

comment créer une pub rentable

 

Publicité télévisée devenue aujourd’hui iconique :

 

 

Xerox 914 rencontra un succès fou, qui dépassa même les prévisions de l’entreprise. En l’espace de deux ans, les ventes de Xerox 914 ont doublé. Le magazine américain Fortune le qualifie même de « produit le plus réussi jamais commercialisé aux États-Unis ».

Ce qui a fait le succès de cette machine, c’est son côté révolutionnaire : elle pouvait photocopier jusqu’à 2 000 feuilles par jour, soit 100 fois plus qu’un photocopieur lambda.

L’outil devient vite un élément indispensable dans les bureaux.

À partir de là, les succès s’enchainent :

  • en 1961, Xerox rentre en Bourse
  • en 1962, Xerox vaut déjà 400 millions de dollars, soit 40 millions de plus en une décennie seulement.
  • en 1968, les ventes de la compagnie s’élèvent à 1 milliard de dollars et devient l’année suivante une marque mondiale.

En bref, Xerox s’impose très vite et bâti petit à petit un véritable empire.

 

La stratégie du branduit

Cette entreprise a complètement révolutionné la vie dans les bureaux.

Xerox était un véritable « branduit » de l’époque.

Un branduit, néologisme inventé par le français Jean-Louis Swiners en contractant le mot « brand » et « produit », désigne les produits dont le nom est indissociable du nom de marque.

Dans le cas de Xerox, il était d’usage de dire à l’époque « to xerox », au lieu de « photocopier ».

Cela découle des propres efforts marketing de Xerox. La plupart des encarts publicitaires des années 70 à 80 posent la question « comment distinguer la vraie Xerox de la photocopieuse xerox ? », renforçant l’idée qu’une vraie photocopieuse était une venant de la marque Xerox.

Si cette stratégie a été efficace pour la vente des photocopieurs, elle aura été l’une des raisons de son échec dans d’autres secteurs d’activité, comme nous le verrons par la suite.

Xerox n’a pas seulement révolutionné le monde de l’impression, elle a aussi été à l’origine d’inventions qui ont chamboulé le numérique.

En effet, Xerox crée en 1970 le Xerox Palo Alto Research Center (le Xerox PARC), afin de valoriser davantage sa réputation d’innovateur technologique, et de prouver les grandes ambitions de l’entreprise.

Le but est d’élargir son secteur d’activité, afin de passer des copieurs aux ordinateurs et au traitement de données.

Mais tout ne se passe pas comme prévu….

 

 

Comment se positionner sur le marché

Où est-ce que Xerox, pourtant bien partie pour rester le pionnier dans le domaine de la technologie, a-t-il bien pu fauter ?

Durant les années 70, Xerox avait une opportunité inouïe de devenir leader mondial du numérique.

En effet, l’entreprise avait réalisé de nombreuses recherches au sein de son immense laboratoire de recherche, le Xerox PARC situé dans l’Université privée de Stanford en Californie.

 

coach en développement commercial

 

Sur cette image, nous pouvons voir une classe du laboratoire d’informatique de Xerox PARC en 1971, où le professeur Bob Taylor, deuxième à partir de la droite, enseignait aux étudiants sur des « poufs ».

Plusieurs découvertes majeures y ont été faites, comme l’imprimante laser, les interfaces graphiques, le réseau local Ethernet ou encore la souris d’ordinateur.

Malheureusement pour Xerox, elle n’a pas su profiter de ses découvertes et s’est vite retrouvée devancé par la concurrence.

C’est le cas de l’entreprise Microsoft, qui a très tôt su exploiter les découvertes de Xerox. Paul Allen, co-fondateur de Microsoft, évoque dans son mémoire Idea Man publié en 1980 ce qui l’a frappé dans ce laboratoire de recherches. Il décrit Xerox comme une entreprise « très innovante et avant-gardiste » qui était en avance sur les tendances de la technologie informatique dix ans avant tout le monde.

 

Allen dit aussi avoir été « époustouflé » par les découvertes de Xerox, comme par exemple la création d’une interface permettant de « couper et coller » des blocs entiers de texte grâce à la souris de l’ordinateur.

Eh oui, cette pratique que nous faisons maintenant en un seul clic était une découverte majeure de l’époque.

Sauf que ce qui était décrit comme extraordinaire par Allen, ne l’était pas tant que cela pour Xerox.

Paradoxal, non ?

 

Incompréhensible, surtout. Xerox qui, grâce à ses découvertes, était en avance sur tout le monde et avait une opportunité immense de créer de nouveaux marchés ne réussit pas à comprendre ce potentiel qui finira, quelques années plus tard, par profiter à la concurrence.

Microsoft, à travers Bill Gates, a donc utilisé les découvertes de Xerox pour créer notamment Windows.

la claque business

Vous connaissez cet homme ?

la stratégie originale de apple pour dominer

 

En 1979, cet homme avait 24 ans, et, alors qu’il était le co-fondateur d’une petite startup située non loin, il visita un centre de recherche de la Silicon Valley, le Xerox PARC.

C’est, en effet, Steve Jobs.

Quoi ?

Il a commencé dans un garage ?

Un garage situé pas très loin du Xerox PARC, visiblement.

En effet, Steve Jobs découvre au Xerox Parc de quoi créer le premier Macintosh. Il emprunte, (ou vole ?) l’invention de la souris, et de certaines interfaces.

Le gourou d’Apple a, en effet repris sans complexe dans interview de 1996 une citation de Pablo Picasso disant :

 

 

« Les bons artistes copient, les grands artistes volent »

 

Il rajoute même

 

« Nous n’avons jamais caché avoir volé de grandes idées »

 

Et, c’est vrai, il n’a jamais caché ses visites au sein du laboratoire Xerox PARC.

Dans cette même interview, on lui avait demandé les raisons de l’échec de Xerox, il répond qu’inventer ne suffisait pas, il fallait savoir vendre aussi. Il affirme avec regret que si Xerox avait compris cela, il aurait été dans la capacité de « faire mieux qu’IMB et Microsoft combinés ».

Xerox a échoué là où Apple a réussi : la commercialisation. Xerox a commercialisé ses innovations, mais pas du tout aux bons prix et à la bonne échelle.

D’ailleurs, le journaliste américain Gladwell en parle dans un article de 2011, intitulé Xerox PARC, Apple and the truth about innovation.

 

Il écrit  :

« Xerox PARC avait conçu un ordinateur personnel. Apple voulait fabriquer un ordinateur populaire »

 

Apple s’est, en effet, adressé au grand public lors de la commercialisation de son premier ordinateur personnel contrairement à celui de Xerox.

D’ailleurs, c’est un article auquel Xerox a eu pour cœur de répondre, afin d’éclaircir les choses sur ces innovations inexploitées, et nous verrons leur réponse par la suite.

Regardons, par exemple le Xerox Star, commercialisé en 1981 comme étant l’un des premiers ordinateurs personnels.

la puissance du mentorat

Le Xerox Star était doté de plusieurs grandes qualités techniques (environnement bureaucratique avancé, éditeur, outils de dessin, tableur, serveurs d’impression, etc.), mais a, malgré tout cela, connu un échec.

Les raisons sont nombreuses :

  • l’environnement logiciel était trop lourd
  • l’ordinateur était trop cher (environ 16 000 $)
  • le positionnement commercial était flou, car le Xerox Star était peu adapté à un marché de masse et trop en avance pour son temps donc peu valorisé par les commerciaux qui étaient à l’époque peu familiers avec l’informatique.

 

À titre comparatif, voici le Macintosh commercialisé par Apple en 1984.

les stratégies marketing

 

Petite remarque : Apple commercialise un an auparavant, en 1983, l’ordinateur Lisa très fortement inspiré par le Xerox Star, et qui a connu exactement le même échec.

 

À la différence de Lisa et de Xerox Star, le Macintosh a tout de suite un succès phénoménal, notamment grâce à sa simplicité d’utilisation (son interface utilisateur est plus intuitive ce qui permet aux non professionnels de l’utiliser simplement), son prix (2 500 $), et grâce à une bonne commercialisation.

 

La première publicité télévisée du Macintosh a, par exemple été diffusée lors du Super Bowl 1984, qui était cette année-là suivi par plus de 77.62 millions de personnes.

 

 

C’est vrai qu’Apple a le mérite de réussir là où Xerox a échoué, en apportant notamment plusieurs améliorations essentielles aux innovations de Xerox, ou en les repensant d’une manière complètement différente.

Xerox peut donc s’en mordre les doigts. L’entreprise est à l’origine de beaucoup d’inventions connues aujourd’hui (souris, pictogrammes, impression laser, réseau Ethernet, scanner, serveurs, interconnexion des réseaux, …) mais ça, peu de gens le savent.

C’est d’ailleurs ce qu’elle mentionne sur son site en évoquant l’une de ses inventions, l’Ethernet.

Et c’est d’ailleurs pourquoi Xerox accorde tant d’articles à son histoire, sur son site officiel :

comment convertir plus de prospects en clients

 

Mais ce n’est pas tout, une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule.

En plus de ne pas avoir su exploiter ses précieuses découvertes, Xerox se voit submerger par la concurrence, à la suite des attaques les autorités de la concurrence de Washington, et perd ainsi son monopole qu’elle s’était efforcée de protéger.

En effet, ces autorités lancent dans les années 80 une opération antitrust visant à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles de Xerox.

Il est vrai que Xerox a utilisé une stratégie infaillible pour installer un monopole durable. L’entreprise a déposé plus de mille brevets autour de son photocopieur.

Mais cette action antitrust permet de faire fleurir les concurrents : Canon, IBM, et HP se lancent dans le secteur des photocopieurs, accompagnés aussi de nombreux groupes japonais qui eux ciblent davantage l’entrée de gamme.

 

Les conséquences sont très lourdes : la part de marché de Xerox passe de 95% en 1973 à 13% en 1982.

Face à la concurrence, Xerox a donc dû réfléchir à de nouvelles stratégies sur le long terme.

 

Le benchmarking, un outil redoutable sous-estimé

Déjà, Xerox, est à l’origine d’une invention marketing aujourd’hui populaire : le « benchmarking ».

 

David T. Kearns, CEO de Xerox de 1982 à 1990, décrit le benchmarking comme étant :

 

« un processus continu et systématique de mesure des performances des produits, services et pratiques par rapport à ceux des concurrents de référence ou des entreprises leaders dans leur secteur »

 

Ainsi, Xerox se compare à ses concurrents, afin d’explorer des axes d’amélioration.

Au début, Xerox pense à se positionner sur des appareils premium, mais échec partiel : ses produits sont trop chers et subissent la concurrence des produits entrées de gamme japonais.

Autre solution : changer radicalement de modèle. L’idée est de devenir une « document company », c’est-à-dire une entreprise qui se focalise sur le passage du numérique au papier.

C’est de là que Xerox devient spécialiste des imprimantes.

En effet, nous sommes dans les années 80, moment de révolution dans l’informatique avec l’avènement des outils informatiques. Grâce à cette révolution, l’impression numérique va gagner du terrain.

Xerox, toujours en avance sur tout le monde, comprend bien que le marché de l’imprimerie numérique pourra l’aider à contrer cette concurrence de plus en plus envahissante, et se spécialise donc dans les imprimantes. Elle a, en effet constaté que grâce à l’ordinateur, on n’avait jamais imprimé autant.

Oui, cette fois-ci, Xerox réussit à exploiter son potentiel.

je vous coache et vous accompagne

Petite remarque : elle réussit à exploiter son potentiel et à se lancer dans le marché des imprimantes, mais seulement grâce à l’insistance du patron de la division impression de la marque, Jack Lewis, qui refusa de lâcher le morceau. Les hauts dirigeants de Xerox lui ordonnaient en effet d’abandonner le projet.

Chassez le naturel, il revient au galop.

Xerox utilise donc l’interaction entre la lumière et l’électricité pour imprimer des documents, cela donnera naissance aux imprimantes de bureau classique. C’est le cas, par exemple, du Xerox 9700.

 

le mentor numéro 1 des entrepreneurs

 

Xerox ne vend plus ses machines aux professionnels, mais les installe directement dans les entreprises et facture désormais à l’usage.

Sur son site internet, Xerox se vante même du fait que ce modèle soit à l’origine de la montée en puissance de l’industrie de l’impression numérique, et qu’elle ait révolutionné l’impression bureaucratique.

 

mentorat business

 

Mais malgré son succès au sein du marché des imprimantes, Xerox garde un goût amer… Elle n’arrive pas à élargir son secteur d’activité, et reste cantonnée à ne vendre que des copieurs et des imprimantes.

 

Comment se repositionner

Toutes ses tentatives de conquête de nouveaux marchés et de repositionnement ont échoué : PC, fournitures de bureau technologiques, Ethernet office network… Xerox ne fait pas le poids face à la concurrence.

Le public continue à n’assimiler Xerox qu’aux photocopieurs. Rappelons-nous que cela découle de la propre stratégie de Xerox, à vouloir faire du mot xerox un verbe signifiant « photocopier ».

Elle ne pouvait pas simplement s’associer pendant des années à une seule catégorie de produits avec une image de marque fortement associée à elle, puis partir à la conquête d’autres marchés en essayant de « miner » cette image. La perception du public reste inchangée.

 

 

C’est d’ailleurs ce que souligne le professionnel du marketing Al Ries et le responsable de la publicité Jack Trout, dans leur ouvrage Positioning, paru en 2001.

 

Ils développent la loi de la perception, en disant :

 

« le marketing n’est pas une bataille de produits, mais de perceptions. Tout le reste n’est qu’illusion»

 

 Jack Trout relate même avoir conseillé à Xerox de se concentrer sur ce que l’entreprise réussit le mieux.

Il raconte :

« J’étais là, face à une salle remplie d’équipes techniques et marketing appliquant consciencieusement la stratégie du développement bureaucratique en place depuis des années. J’étais le messager extérieur désigné pour leur apporter la mauvaise nouvelle que tous leurs efforts passés étaient vains et qu’ils devaient se concentrer sur la modeste imprimante laser plutôt que sur leurs glorieuses machines »

 

Comment relancer une entreprise

Comme nous l’avons vu précédemment, beaucoup d’idées fleurissent au sein du laboratoire de recherches Xerox PARC.

Et, pour éviter des « vols d’idées » comme durant les années 80, Xerox met en place une stratégie.

Déjà elle souhaite mettre la lumière sur les raisons qui l’ont poussé à abandonner certaines de leurs idées au profit de jeunes auto-entrepreneurs, à l’image de Steve Jobs en 1979.

En effet, dans le contexte de l’époque, Xerox souligne qu’elle estimait ne pas avoir besoin de commercialiser de façon poussée ces innovations-là, comme les ordinateurs, car c’était un marché complètement différent, avec une demande différente, auquel ils n’ont pas su s’adapter. L’entreprise souhaitait donc se focaliser sur leur activité principale, qui était la photocopie et l’imprimerie, car cela collait plus à leur business.

 

 

Xerox évoque également que c’est le fait d’une de leurs valeurs : le partage d’expertise. Aujourd’hui, on parle d´ « open innovation »

Le terme d’ « open innovation » est popularisé en 2003 par le chercheur en innovation Henry Chesbrough.

 

Il définit dans son ouvrage The New Imperative for Creating and Profiting from Technology le concept d’open innovation comme étant

 

« le fait, pour une entreprise de penser son innovation d’un point de vue ouvert, c’est-à-dire en intégrant d’autres acteurs externes dans son processus de R&D »

 

Le concept d’open innovation est donc fondé sur le partage et la collaboration entre les entreprises, notamment au travers de partenariats, afin de mener à bien une innovation.

Selon lui, c’est ce que n’avait pas compris Xerox en 1980.

Henry Chesbrough considère que, certes Xerox partageait son expertise, mais pratiquait une innovation fermée, en invitant de jeunes entrepreneurs dans ses laboratoires et en leur montrant ses innovations, mais sans aucune volonté de collaborer avec eux.

De ce fait, elle n’a pas pu bénéficier des fruits de l’explosion de ses propres innovations, par manque de collaboration et de partenariats, et a laissé d’autres en profiter gratuitement.

 

Mais désormais, Xerox a appris de ses leçons du passé. Le docteur Monica Beltrametti, vice-présidente du Centre de recherche européen de Xerox, le dit clairement en évoquant les innovations :

 

« cela ne sera plus gratuit »

 

Xerox multiplie aujourd’hui les partenariats et les collaborations avec les entreprises et les universités du monde entier, afin « d’élaborer des solutions qui anticipent les futurs changements ».

 

L’idée est de faire profiter de son expertise, et de profiter également de l’expertise d’acteurs externes.

les partenariats stratégiques en business

 

La marque Xerox s’est progressivement concentrée davantage sur la technologie d’impression numérique et les services qui visent à aider les clients à innover dans leur façon de communiquer et travailler.

 

Un élément important qui a permis à Xerox de mener à bien cette reconversion, c’est l’intégration du marketing relationnel dans la stratégie de la marque.

 

Le pouvoir du content marketing

Le marketing relationnel est le fait d’entretenir une relation personnalisée et continue avec chaque client.

Xerox met l’accent sur le fait qu’elle crée des technologies qui répondent aux besoins des clients. C’est en ce sens qu’elle a mis en place un processus collaboratif entre ses clients et ses équipes de R&D.

Elle organise, par exemple, des séances d’imagination, afin de mieux cerner les besoins du client et de lui proposer la solution idéale.

Mais là où Xerox arrive à faire preuve d’intelligence, c’est dans son usage du content marketing.

 

Le content marketing consiste à proposer des contenus informatifs et intéressants à ses clients et prospects.

Xerox frappe un grand coup car il est peu commun pour une entreprise d’un secteur industriel d’utiliser ce type de stratégies marketing.

 

 

En effet, qu’est-ce que peut bien raconter des entreprises qui vendent de gros matériaux tout lourds et de grosses machines ?

N’oublions pas que nous avons affaire-là à une entreprise avant-gardiste et en avance sur tout le monde. Elle a bien compris qu’elle ne pouvait pas que se contenter de communiquer sur ses machines, avec de longs articles bien fastidieux remplis de termes mécaniques incompréhensibles.

N’oublions pas aussi que Xerox a comme principaux clients des entreprises, elle doit donc réfléchir à comment attirer leur attention avec des sujets qui leur parlent.

Xerox veut être un acteur du succès de ces entreprises. Sur son site, elle propose plusieurs articles à thèmes concernant :

– comment augmenter la satisfaction client

– comment augmenter la productivité

 

Ou encore

– quelles stratégies marketing mettre en place pour son entreprise

 

Le tout avec des titres bien prometteurs, comme ceux-là :

le client est roi

 

Ou encore

obtenir des clients sans prospecter

 

Xerox a donc bien compris comment toucher directement ses clients, en leur proposant des articles à thèmes, proposant des solutions directes à leurs problèmes.

L’entreprise va même jusqu’à mener des campagnes publicitaires mettant en scène ce à quoi pourrait ressembler le quotidien de ses clients, tout en faisant de manière intelligente la publicité de ses produits.

Il est clair que ce genre de contenus est tout de suite plus intéressant qu’un article sur les attributs de leur dernière imprimante laser.

Xerox crée même des blogs, regroupant par thèmes ses différents articles, pour une personnalisation encore plus poussée.

 

créer du contenu pour ne pas prospecter

Malynx le Lynx.

 

Comment utiliser le buyer persona

Xerox utilise le concept de « buyer persona » pour baser sa segmentation à travers ses blogs.

Le buyer persona est la représentation du client idéal pour une entreprise. Elle se construit à partir de nombreuses informations et de critères.

Par exemple, Xerox a créé un blog spécialement pour les PME, intitulé « Small Businesses Solutions » ou encore un blog spécialement pour aider les clients à se servir de leurs produits, intitulé « At Your Service »

Et comme Xerox pense à tout, ces blogs sont disponibles en plusieurs langues.

De plus, Xerox est en partenariat avec le magazine Forbes, et possède un blog « Xerox Voice » auprès de ce magazine. C’est encore une fois, une stratégie marketing puisque ce magazine est lu par des potentiels clients de Xerox : les dirigeants et cadres d’entreprise.

À travers ces articles à forte valeur ajoutée publiés dans le magazine Forbes, Xerox démontre directement son expertise et augmente de manière stratégique sa notoriété.

Les réseaux sociaux font partie intégrante de la stratégie marketing de toute entreprise. Xerox renforce donc sa présence sur ses réseaux sociaux.

Elle en privilégie 4 principaux : Facebook, Twitter, LinkedIn et YouTube.

Toujours en partant du principe de personnalisation, ces 4 réseaux s’attaquent à des cibles différentes, et diffèrent donc en termes de communication.

Sur Facebook, l’entreprise rédige des contenus plutôt orientés pour les salariés.

comment obtenir des clients sur facebook

 

Sur Twitter, la marque privilégie la gestion de son image et de sa réputation, en tweetant l’actualité de la marque, en répondant aux divers questions ou remarques, en retweetant des tweets en rapport avec l’activité de la marque.

Elle a notamment un compte qui s’occupe du SAV, en permettant de répondre de manière instantanée aux problèmes rencontrés par les clients avec les produits de la marque.

obtenir des clients facilement

 

Sur YouTube, la marque se focalise sur le partage d’émotions et d’histoires. Comme précisé précédemment, la marque met souvent en scène des personnages censés représenter les buyer personas de la marque, afin de mieux montrer leur compréhension du quotidien de leurs clients.

comment trouver des clients intéressants

 

Enfin, sur LinkedIn, Xerox s’adresse davantage aux dirigeants et aux cadres, en publiant des conseils liés à la gestion d’entreprise, au management ou au marketing.

 

comment prospecter sur linkedin

 

Ainsi, l’une des forces de Xerox est qu’elle n’hésite pas à sortir de son industrie et à user de sa créativité, comme le montre sa diversification de contenu, afin de montrer son expertise.

En effet, tout l’objectif de Xerox est de repousser les limites de sa créativité. C’est pourquoi elle créée en 2019 le concours Xerox Creative Awards, qui offre un espace de liberté à des designers, graphistes, étudiants ou encore imprimeurs qui souhaitent concevoir des projets « out of the box »

Il est alors logique que Xerox applique elle-même, à travers sa stratégie marketing, une valeur qu’elle s’efforce d’instruire aux autres.

 

Conclusion

Xerox reste l’une des plus belles success stories du 20ème siècle. L’entreprise n’a pas seulement révolutionné le monde de l’informatique, mais a aussi été à l’origine de grandes avancées technologiques.

Pour répondre à la question de départ, là où Xerox a fauté, c’est notamment dans son incapacité à se faire confiance sur le potentiel de ses innovations qui auront fini par profiter à d’autres.

Xerox perd peu à peu de sa superbe, et a continué à passer à côté de nouvelles opportunités de croissance, profitant notamment à l’entreprise HP, qui aujourd’hui jouit d’un chiffre d’affaires plus de deux fois plus élevé que Xerox et aspire même à racheter Xerox.

Même si Xerox essaie tant bien que mal de relever la tête, le fait qu’elle aurait pu aujourd’hui être plus puissant qu’Apple, Microsoft, et HP réunis lui reste en travers de la gorge.

 

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